Droits humains et détention à l’heure du Covid-19

26 juin 2020 : Journée internationale de soutien aux victimes de la torture
26 June 2020 – International day of support for victims of torture

Communiqué de la FIACAT

Original english version further down

 

Vincennes, le 26 juin 2020 – A l’occasion de cette journée internationale de soutien aux victimes de torture et dans le contexte de la pandémie mondiale du Covid-19, la FIACAT souhaite dénoncer le grave impact de cette crise sur les personnes détenues et rappeler les violations des droits humains que ces personnes subissent quotidiennement.

Si la crise liée au coronavirus a multiplié les initiatives de solidarité internationale et nationale et provoqué un fort émoi médiatique, elle a également exacerbé les difficiles conditions de vie des personnes privées de liberté et les violations des droits humains qu’elles subissent. Cette crise a permis de mettre en lumière les défaillances des lieux de détention dans de nombreux pays. En effet, la promiscuité aggravée par la surpopulation carcérale, le manque d’hygiène et de personnel rendant impossible le respect des mesures sanitaires de base ont placé les personnes privées de liberté dans une position de forte vulnérabilité et ont fortement accru le risque de propagation du virus. Couplés avec la forte insalubrité que connaissent les prisons de nombreux pays, ces facteurs font craindre une véritable hécatombe. La situation dans la maison d’arrêt de Majicavo Lamir à Mayotte en est l’exemple frappant alors que plus de 200 personnes étaient testées positif au coronavirus selon le bilan du 4 juin 2020 de l’Agence régionale de santé.

Face à cette menace, les Etats ont déployé une batterie de mesures visant à endiguer la propagation du virus parfois au détriment du respect des droits humains des personnes détenues. Ainsi, de nombreux Etats tels que l’Italie (le 8 mars), le Bénin (le 18 mars) ou encore la Côte d’Ivoire et le Congo ont interdit les visites des familles et des avocats aux personnes détenues. Les membres des ACAT, acteurs clés pour l’amélioration des conditions de détention et la préservation des droits des personnes détenues se sont également vu interdire l’accès aux lieux de détention. Ces dégradations des conditions de détention ont notamment provoqué en Italie de nombreuses émeutes coûtant la vie à plus d’une dizaine de détenus.

D’autres Etats ont, au contraire, couplé gestion de la crise et respect des droits humains en réduisant la surpopulation carcérale par la libération de certaines catégories de personnes détenues. C’est notamment le cas du Congo qui a libéré une partie des prévenus en attente de jugement qui avaient dépassé les délais de détention préventive ou qui étaient poursuivis pour des infractions mineures. Similairement, par décret présidentiel du 15 avril 2020[1], le Cameroun a accordé une commutation et remise de peines à certaines personnes détenues. Ces mesures, bien qu’insuffisantes, démontrent qu’il existe des solutions pour garantir le respect des droits des personnes détenues tout en les protégeant de la pandémie.

La crise du Covid-19 ne peut justifier une dégradation des conditions de détention et des violations des droits humains. Au contraire, cette crise offre une véritable opportunité de dénoncer les défaillances des systèmes carcéraux en place afin de bâtir des institutions respectueuses des droits humains où la liberté serait la règle et la détention l’exception.

Contact presse :

 [1] Décret n°2020/193 du 15 avril 2020 portant commutation et remise de peines.

Vincennes, 26 June 2020 – On the occasion of this International Day of Support for Victims of Torture and in the context of the Covid-19 world pandemic, FIACAT wishes to denounce the serious impact of this crisis on people in detention and to recall the human rights violations that these people suffer on a daily basis.

While the coronavirus crisis has multiplied initiatives of international and national solidarity and caused a great deal of media coverage, it has also exacerbated the difficult living conditions of people deprived of their liberty and the human rights violations they suffer.  The crisis has shed light on the shortcomings in places of detention in many countries. Promiscuity, aggravated by overcrowding, lack of hygiene and lack of staff making it impossible to respect basic sanitary measures have placed people deprived of their liberty in a position of great vulnerability and have greatly increased the risk of the virus spreading. Coupled with the high level of insalubrity of prisons from many countries, these factors gave rise to the threat of a true disaster. The situation in the Majicavo Lamir prison in Mayotte is a striking example of this; more than 200 people tested positive to the coronavirus according to the Regional Health Agency’s assessment of 4 June 2020.

Faced with this threat, States have deployed a range of measures aimed at containing the spread of the virus, sometimes to the detriment of the human rights of those detained. Thus, many States such as Italy (on 8 March), Benin (on 18 March), Côte d’Ivoire and Congo have banned family and lawyer visits to detainees. The members of the ACATs, who are key actors in improving conditions of detention and safeguarding the rights of detainees, have also been denied access to places of detention. These deteriorations in prison conditions have led to numerous riots in Italy, costing the lives of more than ten detainees.

Other states, on the other hand, have combined crisis management with respect for human rights by reducing prison overcrowding through the release of certain categories of detainees. This is notably the case in Congo, where some of the detainees awaiting trial who had exceeded the time limits for pre-trial detention or who were being prosecuted for minor offences were released. Similarly, by presidential decree of 15 April 2020, Cameroon granted commutation and remission of sentences to certain detainees[1]. These efforts, although insufficient, demonstrate that there are solutions to ensure the protection of detainee’s rights while protecting them from the epidemic.

The COVID-19 crisis cannot justify a deterioration in prison conditions and human rights violations. On the contrary, this crisis offers a real opportunity to denounce the failures of the prison systems in place in order to build institutions that respect human rights, where freedom is the rule and detention the exception.

 

Press contacts:

 [1] Decree N°2020/193 of 15 April 2020 to commute and remit sentences